Intimité

Neuf histoires de l’onanisme féminin

Installation protéïforme: broderie, écriture, manipulations textiles, aquarelle…

En 1832, Alfred de Musset demandait « A quoi rêvent les jeunes filles? »…Quand elles brodent leur trousseau?
A mon tour, j’ai posé la question à une soixantaine de femmes: à quoi rêvent-elles, lorsque leurs doigts s’égarent dans les doux recoins de leur secrète anatomie? A question indiscrète, réponse taboue: ce sont huit lettres, bruissantes de soupirs épanouis, qui m’ont fourni la matière pour débuter ce projet. Huit histoires, huit femmes, huit écritures: mêmes mots, même honte mêlée de plaisir. Mille orgasmes.
La neuvième histoire est la mienne.

Sous la couette, bien à l’abri
Au réveil, délictueuse envie

 

Au creux du lit froissé
Ma main joue à tes baisers

Sur un voile de coton hérité de ma grand-mère, j’ai brodé le récit du tabou le mieux gardé de la chambre à coucher des femmes. Ton sur ton, transparence, enchevêtrement de fils: le spectateur est invité à se rapprocher de l’installation afin d’y lire les textes, partageant ainsi le secret voluptueux d’un moment d’intimité. Mon texte s’écrit au rythme de ma main, à la cadence du fil. Pas de brouillon; juste l’instant présent,
celui de la rêverie et du fantasme. Du plaisir, aussi. Les témoignages se recoupent, les mot se mêlent et s’entremêlent. Le fil est là, qui les relie. La broderie cache et dévoile, parle de la honte et du secret, évoque la joie de la jouissance. La douceur, toujours. L’érotisme en sourdine et l’infinie délicatesse.

Quand ton souvenir explose en moi
C’est l’oreiller qu’étreint ma joie

Les supports sont multiples: broderie sur tissu, papier, aquarelle…On croise quelques cailloux aux formes évocatrices, ici une fleur emprisonnée dans un tulle de soie, là un carnet d’ inspiration. L’installation évolue en fonction du lieu, esquisse une scénographie différente
à chaque rencontre. Le visiteur-la visiteuse- plonge dans la poésie, le romantisme, un univers aérien et éthéré: pourtant, il-elle- en ressort le rose aux joues.
Intimité fait rougir.